27 — 30.05.2015

Michel François Bruxelles

Take The Floor

théâtre — premiere

KVS BOL

Français → NL | ⧖ 1h

Michel François crée un spectacle de théâtre ! Le célèbre plasticien belge a reçu du Kunstenfestivaldesarts une commande sans équivoque : imaginer une pièce à la mesure de la grande salle du KVS. Avec la collaboration de sa fille, la jeune actrice Léone François, l’artiste entend littéralement « mettre sur scène » le rituel théâtral et tous les éléments pratiques, techniques et architecturaux qui l’entourent. Avec un regard candide et une énergie sans limites, il investit l’espace du théâtre, en explose tous les codes et fabrique avec les décombres un spectacle où acteurs et spectateurs, lumière et son, parterre et plateau inversent leur rôle en permanence. Tout est là, mais tout est déplacé et réagencé différemment. Oubliez ce que vous pensiez savoir du théâtre : déjouant effrontément les attentes, cette création ouvre à une expérience hors normes, un dérèglement des sens.

Take The Floor est le projet soutenu par les Friends en 2015.

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Invité à penser un projet pour la scène, Michel François, sculpteur, vidéaste et photographe, a choisi d’y associer sa fille Léone, jeune comédienne, et de réaliser ce spectacle-performance avec elle.

Ce point de départ, qui motive l’apparition des événements scéniques auxquels nous assistons, entend être « exercé », plus que commenté.

En surface, Take The Floor est un spectacle expérimental sur la sculpture, ou plutôt un spectacle de sculpture. Sur sa possibilité de (ou sa résistance à) être théâtralisée. Sur cette émouvante capacité d’une image à surgir de la matière. Pour ce faire, le spectacle joue sur des interactions entre des corps, des récits personnels, des objets, des matières, et le théâtre lui-même devient l’outil et la matière pour produire ces évènements, ces actions sculpturales. À partir d’un ensemble de matériaux et de dispositifs convoqués ou déjà présents se créé une sorte de symphonie plastique, qui joue sur des tensions entre l’animé et l’inanimé, le contrôle et l’improvisation, l’ordre et le chaos, la narration orale et la matière muette.

Des faits ont lieu qui convoquent le temps : les glaçons fondent, les matières se morcellent, l’eau coule, le plâtre prend, la lumière du jour fait place à l’obscurité, les actions se répètent, la roue tourne…

En profondeur, le cœur du projet est un réseau de relations.

Une relation entre un plasticien et une comédienne, et donc, une confrontation de deux disciplines qui impliquent deux relations différentes à l’espace et au temps. Quelle part théâtrale dans la sculpture ? Quelle part sculpturale dans le théâtre ? Peut-on sur un terrain de jeu faire une partie avec d’autres règles que ce pour quoi il a été conçu ? Quels types de relations de « synesthésie » (le passage d’un sens à un autre) existe-t-il entre deux domaines de création ?

Une relation qui mêle désir, incompréhension et curiosité réciproques. Globalement, c’est sous le sceau d’un « jeu » commun que les deux protagonistes engagent un dialogue, et l’on se demande parfois qui est le plus mûr, entre l’aîné et la jeune fille.

Une relation entre un père et sa fille. Cette partie plus biographique du spectacle implique un processus de transmission, même s’il est contingent et indirect. Chaque « acteur » a son double, présent sur le plateau, qui agit simultanément, activant des processus plus lents ou provoquant des situations parallèles et complémentaires, ou encore répétant des évènements ayant eu lieu.

Le titre du spectacle Take The Floor signifie en anglais à la fois littéralement « prendre le terrain » mais aussi « prendre la parole », ou « c’est à toi », dans une logique de passage de relais. De fait, Michel François, dont le père était peintre et la mère danseuse, dit avoir choisi la sculpture comme un « moyen terme entre la danse et la peinture », tout en démarrant sa carrière en faisant du théâtre, avant de bifurquer vers ce qu’il pensait être plus de liberté. De fait, enfant, Léone était matière et modèle malgré elle de l’art de ses parents, à la fois manipulant les œuvres tout en étant manipulée par elles, et a choisi le théâtre pour produire ses propres formes.

Dans Take The Floor, la scène de théâtre est l’endroit de l’exhibition et de la présentation publique de ce réseau de relations. L’espace dynamique et glissant d’un passage de relais entre les disciplines et les générations. Une histoire de compétences croisées qui se confrontent sur la scène devenue une sorte d’atelier d’expériences ouvert et spontané.

Le théâtre versus la sculpture. Les arts libéraux de la scène contre ceux, serviles, des peintres et des sculpteurs. On entend ici par théâtre les conditions minimales d’un espace, d’un temps, et d’un public donnés. On entend ici par sculpture les conditions minimales d’une matière en transformation. À partir de cela, la scène est un lieu commun à partager, entre deux disciplines, entre deux protagonistes, Michel et Léone François, qui chacun suivent leur programme en interagissant régulièrement, pour se cristalliser en une succession d’images. Il s’agit peut-être pour Michel d’utiliser le théâtre comme un matériau plastique. Il s’agit peut-être pour Léone d’utiliser le matériau sculptural comme un accessoire dramatique. Ou inversement.

Mais sous ses allures joyeuses et jubilatoires, sous ses airs de jeu formel entre apprentis sorciers qui transforment une scène en un atelier ouvert, gageons qu’il y a une relation profonde et secrète à la vanité dans ce projet. Vanité du théâtre (cette mécanique vaine, qui tourne à vide), vanité du temps qui passe (le passage de relais artistique entre un père et sa fille), vanité des objets et matières qui vont en se désagrégeant, se consommant jusqu’à disparaître, vanité des faux-semblants qui troublent les perceptions. Comme si, à travers ces jeux de rôle et d’expériences joyeuses pointait une sourde gravité, aussitôt contrebalancée par le pouvoir fascinant de l’image.

De & avec

Michel François, Léone François

Performeurs

Sylvain Courbois, Colline Libon

Dramaturgie

Guillaume Désanges

Directeur technique & lumières

Philippe Baste

Son

Christophe Rault

Collaboration artistique

Ann Veronica Janssens

Accessoiriste

Ravit Bechor

Assistante production

Vera Andeweg

Assistant technique

Gaspar Schelck

Présentation

Kunstenfestivaldesarts, KVS

Production

Kunstenfestivaldesarts

Coproduction

Fondation d’entreprise Hermès dans le cadre du programme New Settings

Une nouvelle version de la pièce sera présentée en novembre 2015 au Théâtre de la Cité Internationale (Paris) dans le cadre du programme New Settings
 

Avec le soutien de

Fédération Wallonie-Bruxelles

Performance soutenue par

Xavier Hufkens (Bruxelles)

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