24 — 28.05.2024

Jeremy Nedd & Impilo Mapantsula Bâle-Johannesbourg

blue nile to the galaxy around olodumare

danse — premiere

Le Jacques Franck

Venue avec une chaise roulante à confirmer lors de la réservation en ligne ou via la billetterieAccessible pour des personnes en chaise roulante avec assistance | Anglais → NL, FR | ⧖ ±1h | €18 / €15

Le 12 juillet 2022, la NASA publiait les images de galaxies situées à plus de 10 milliards d’années-lumière prises par le télescope James Webb. Si notre capacité à capter la lumière d’anciennes galaxies nous donne une impression de futur, elle nous rappelle également que nous ne sommes peut-être pas aussi avancé·es que nous le pensons. Collaborant une nouvelle fois ensemble, le collectif sud-africain Impilo Mapantsula et Jeremy Nedd parcourent les voies sinueuses du vécu diasporique et afrofuturiste noir à travers le prisme du pantsula. Danse puissante connue pour son jeu de jambes d’une vélocité virtuose, le pantsula a permis à toute une génération de s’exprimer sous l’apartheid. La performance s’appuie principalement sur le potentiel d’improvisation chorégraphique du pantsula en réponse au jazz cosmique et spirituel d’Alice Coltrane et Bheki Mseleku. Elle s’inspire de phénomènes cosmiques : de la naissance d’une galaxie à la mort d’une étoile. Les danseur·euses se servent du style puissant et lyrique du pantsula contemporain pour faire écho aux luttes du « passé » contre l’oppression, tout en contemplant la compression de l’espace et du temps, ainsi que celle de nos illusions de progrès pour le futur.

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Tu vois

Le futur est un bien meilleur guide pour le présent que le passé

Parce que

Tu dois connaître le passé pour comprendre le présent

Mais

Si on doit repenser notre présent et imaginer notre futur, nous devrions commencer par revisiter notre passé Même si Penser le présent de manière historique est l’unique manière d’aller de l’avant

Et

Se désengager de la linéarité passé-présent-futur

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Enfant, ma tante Erlene bien-aimée, paix à son âme, me conduisait à l’école. Et tous les matins, pendant nos trajets, il y avait deux constantes : on s’arrêait au Dunkin’ Donuts pour prendre son café et on écoutait CD 101.9 FM, la station de radio de Jazz locale.

En repensant à ces années d’insouciance (j’avais environ 10 ou 11 ans), je ne sais pas si je peux dire que je savais ce que j’écoutais pendant ces trajets, mais je savais que si tante Erlene me conduisait à l’école, nous nous arrêterions au Dunkin’ Donuts et que nous écouterions CD 101.9 FM … c’était une constante fiable.

Ces trajets vers l’école ont été mes premières rencontres avec le Jazz et ont marqué le début de mon amour pour ce genre musical, que j’allais conserver tout au long de ma vie.

J’aime donc à penser que j’ai été élevé dans le Jazz.

  • distorsions temporelles
  • fréquences
  • soniques et cosmiques

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J’apprécie toujours le Jazz…

…De nombreuses années plus tard, bien plus près de notre présent toujours fugace, je me suis retrouvé à écouter une conférence en ligne et un commentaire de Fred Moten m’a frappé…

« L’improvisation est étymologiquement liée au fait de ne pas regarder devant soi, à une sorte de mouvement sans prévision… et si ce mouvement sans prévision n’était pas dû au fait que les gens sont incapables de regarder devant eux ou de planifier… si c’était parce que ce qu’iels faisaient toujours, c’était de regarder en arrière…

Cette étonnante combinaison de mouvement vers l’avant et de regard vers l’arrière… »

(Mais si le fait de regarder « en arrière », loin dans le passé, représente une accélération vers une idée du futur, comment naviguons-nous ici et maintenant ?)

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Avec mes collaborateur·ices d’Impilo Mapantsula, l’objectif de notre travail a été d’essayer de naviguer dans les diverses voies enchevêtrées de l’expérience de la diaspora noire à travers le prisme du Pantsula.         Réunir des idées conceptuelles et des univers issus de nos contextes respectifs et de nos histoires – moi en tant que noir américain et les membres d’Impilo Mapantsula en tant que noir·es sud-africain·es – dans ce que j’espère être une proximité productive.

  • en cherchant des liens
  • créer des fissures
  • en créant des connexions
  • des failles et des ruptures
  • tomber dans les cassures
  • se détacher complètement du temps 
  • tel que nous le connaissons
  • l’inconnu, l’inconnaissable et l’inattendu

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J’ai toujours été fasciné par la recherche fondamentale et la science sous-jacente à l’astronomie et à la cosmologie. Tout comme j’ai toujours été un fan de science-fiction, et plus particulièrement d’Afrofuturisme, qui pourrait être considéré comme « juste » un sous-genre de science-fiction, mais que j’ai choisi d’articuler comme un geste libérateur.

Space Is the Place… mais changer sa réalité, ce n’est pas se retirer du monde, c’est le redéfinir.

  • pas encore là
  • pas déjà là
  • mais presque proche
  • mais qui s’approche presque

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Alice Coltrane (décédée en 2007) et Bheki Mseleku (décédé en 2008) étaient tous·tes deux des multi-instrumentistes virtuoses enraciné·es dans l’improvisation au piano. Iels ont tous·tes deux laissé derrière elleux un formidable catalogue de musique et ont tous·tes deux vécu des tragédies individuelles. Et tous·tes deux ont largement fait référence au cosmos dans leur musique.

S’agit-il d’une coïncidence ou d’une affinité sincère pour la contemplation du cosmos ? Iels aspirent à être en accord avec un inconnu connu qui transcende les conflits de ce monde par le biais de la musique.

Il existe une belle histoire où ces deux se sont croisé·es au festival de Jazz de Newport en 1977 et où Coltrane a offert à Mseleku le bec que son défunt mari – la figure emblématique du saxophone ténor et, pourrait-on dire, le catalyseur du son spirituel du Jazz John Coltrane – avait utilisée pour enregistrer son album légendaire A Love Supreme.

Bien qu’il y ait beaucoup à explorer dans leurs biographies respectives, je m’intéresse à la musique qu’iels ont laissée derrière elleux et à la manière dont elle peut servir de carte sonore cosmique à notre pratique de l’improvisation.

  • ne pas se fier à l’idée d’un futur
  • improviser
  • désengager la temporalité de la linéarité passé-présent-futur

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Ces derniers temps, je cherche à me rappeler qu’ici, sur Terre, nous faisons tout autant partie de tout ce à quoi aspire le Jazz cosmique et spirituel. Que nous faisons aussi partie du cosmos…

  • insister, revendiquer et affirmer la paix 
  • comme une possibilité
  • l’espace-temps de l’espoir…
  • parce que le temps a un rythme différent dans chaque 
  • endroit et qu’il s’écoule ici différemment de là

Jeremy Nedd, avril 2024

Présentation : Kunstenfestivaldesarts, Kaaitheater, Le Jacques Franck
Concept, chorégraphie : Jeremy Nedd | Performance et chorégraphie : Sicelo Xaba, Sello Modiga, Thomas Motsapi, Bonakele Masethi, Sibongile Mathebula | Direction technique et création lumières: Thomas Giger | Scénographie: Laura Knüsel | Création sonore : Fabrizio Di Salvo, Rej Deproc | Création costumes : Tara Mabiala | Dramaturgie : Anta Helena Recke
Production : Caroline Froelich - Moin Moin Productions | Coproduction : Kunstenfestivaldesarts, Tangente St Pölten, ARSENIC – Centre d’art scénique contemporain, Kampnagel International Summer Festival, Kaserne Basel, SPIELART Theaterfestival

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