15.05, 17 — 20.05.2022
Tout dans la chorégraphie de Castélie Yalombo est instable. Elle se tient seule sur scène mais son corps semble être transporté depuis l’extérieur. Ses mouvements sont décousus : soudain, les yeux fermés devant une bassine d’eau, elle façonne ses membres et ses mouvements de l’extérieur, comme si elle était guidée par des forces en conflit. Avec cette performance, Yalombo crée une chorégraphie d’une rare puissance. Partant du rapport à sa propre identité – née d’une mère belge et d’un père congolais – elle entreprend ce qu’elle définit comme son odyssée dans l’espace d’une identité mixte. Devant le public, son corps est traversé par diverses références historiques mais celles-ci se dissolvent à chaque fois pour revendiquer une singularité plus complexe que les catégories établies. Elle évolue dans un espace entouré de sculptures en argile qui semblent évoquer la matière d’un corps avant qu’il ne prenne forme, avant qu’il ne soit enfermé dans une identité unique. Elle se déplace entre une image et une autre, jusqu’à devenir un clown, la seule figure autorisée à parler en dehors de la boîte. Après avoir étudié à l’ISAC et travaillé avec Louise Vanneste, Castélie Yalombo marque avec Water, l’atterrée des eaux vives sa première présence au festival. Une voix montante de la chorégraphie belge et une ode à l’ambiguïté, à ne pas manquer.
Water, l’atterrée des eaux vives
Combien de personnes ici portent-elles du bleu ?
Qu’y-a-t’il entre tes paupières et tes yeux ?
Peut-être encore tes yeux.
Mais, sont-ils ouverts ?
Où commencent-ils leur ouverture ?
Est-ce depuis le fond du dedans de ta tête, ou le fond du dehors de ta tête ?
Quand est-ce qu’ils ont commencé à s’ouvrir ? le peuvent-ilsdavantage ?
Combien de personnes ici portent-elles des bleus ?
Tu ne verras rien, si tu ne fermes pas les yeux.
Où suis-je lorsque je ne suis pas dans mon corps ?
D’ailleurs, de quoi ce corps est-il la trace ?
Où se tient l’Afrique lorsque de l’Histoire, elle reste en dehors ?
Vois-tu ce monument invisible, là, au centre ?
*
Water, l’atterrée des eaux vives explore la friction sous-jacente des a prioris de nos perceptions des corps féminins racisés.
Traversant / traversées un continuum de formes, de figures liées aux représentations de l’Histoire Noire et de son propre imaginaire du corps noir.
Le corps de Water est un objet pendu et perdu, entre le « comment être perçu » et le « comment s’exprimer ».
- Castélie Yalombo, avril 2022
Présentation : Kunstenfestivaldesarts, Charleroi danse
Chorégraphie : Castélie Yalombo | Musicien : Loucka Ellie Fiagan | Spatialisation sonore : Lucie Grésil | Céramiques, scénographie : Sophie Farza | Dramaturgie : Jean Lesca | Coach clown : Anna Kuch | Assistante chorégraphie : Anja Rottgerkamp
Production, tournée : AMA – France Morin, Cécile Perrichon, Anna Six | En collaboration avec : Kunstenwerkplaats | Coproduction : Kunstenfestivaldesarts, Charleroi danse, Atelier 210, KWP Kunstenwerkplaats, Rising Horses
Avec le soutien de : Kunstencentrum BUDA, KWP Kunstenwerkplaats, Studio Etangs Noirs, Rising Horses, Les Brigittines, Fédération Wallonie-Bruxelles – Service général de la Création artistique