29.05, 30.05.2021
The School of Contamination Jerusalem / Brussels / Ghent / New York
Dina Mimi, Roland Gunst, Salvatore Calcagno, Nikima Jagudajev
résidence / performance
Arabe, Français, Néerlandais, Anglais → FR, NL, EN | ⧖ 2h30 | €10 / €7
Une pratique artistique n’est jamais le seul résultat d’une chose planifiée. Elle se nourrit de rencontres imprévues, de ce qui ne pouvait être imaginé jusqu’alors. Le réseau artistique bruxellois est souvent présenté comme un ensemble d’échanges, de collaborations et de pollinisations croisées formelles et informelles. La pandémie ayant davantage isolé les processus artistiques, le festival ouvre, pour cette édition, une résidence artistique temporaire et commune dans quatre espaces du Kaaistudio’s. Dix jours durant, quatre artistes, dont trois sont basé·es à Bruxelles, alterneront travail individuel et discussions collectives. L’artiste Dina Mimi retrace l’histoire de son grand-père, soumis à des expérimentations médicales dans un hôpital militaire israélien en 1969. Nikima Jagudajev approfondit une recherche sur la chorégraphie comme forme de vie. Salvatore Calcagno étudie le cinéma comme une forme de rencontre, partant du film Bellissima de Visconti. Roland Gunst s’intéresse à l’héritage du caoutchouc, à la strate qu’il ajoute aux monuments coloniaux à Bruxelles. The School of Contamination ouvre la porte à une nouvelle forme de contamination et à l’importance de celle-ci pour la scène artistique et son avenir.
Dina Mimi, Grinding the Wind
La performance de Dina Mimi explore les parties manquantes de l'histoire de son arrière-grand-père, qui a subi des tests médicaux et une chirurgie cardiaque à l'hôpital militaire israélien Tel Hashomer en 1969. Cet événement a provoqué un voyage dans les archives, les histoires orales, les rêves et les livres. Comme elle l'explique : « À l'instar d'un chirurgien qui rêve d'insérer un doigt dans un cœur pendant une opération, ma recherche sur les aspects performatifs de la chirurgie à cœur ouvert est également motivée par le désir. Le cœur de mon arrière-grand-père, scellé derrière plus de cent points de suture de sa poitrine à sa taille, a été réduit en cendres dans son dernier geste d'auto-immolation. » Face au mystère de cette « archive » désormais inaccessible, l'artiste sonde, pour ce nouveau projet, les indices permettant de comprendre sa descente dans le silence et la contestation, et ce jusque dans la mort.
Roland Gunst, Monuments mouvants
Le principe selon lequel les contenants organiques tels que les corps humains ou d'autres structures en mouvement, sont considérés comme des « lieux de mémoire » dans la culture Luba est en totale contradiction avec la construction occidentale de l'histoire et de la mémoire. Ici, les idéologies passées et souvent anti-démocratiques et les dirigeants autoritaires sont glorifiés par des monuments de manière statique et non critique. Cependant, les formes fluides ont le potentiel de briser les architectures statiques et oppressives. Les traumatismes peuvent être guéris par des monuments en mouvement, qui permettent un (re)positionnement constant des identités.
Les « Lieux de mémoires » sont des espaces où le statu quo n'est pas simplement accepté, mais négocié.
- Roland Gunst, Recto Verso, 25 mars 2021
Salvatore Calcagno
Bellissima est un laboratoire de recherche autour du film éponyme de Luchino Visconti, sorti en 1951. Une œuvre singulière, méconnue du grand public, qui raconte l'histoire d'une mère prête à tout pour que sa fille devienne la prochaine star du grand écran. A travers une libre adaptation du scénario, Salvatore Calcagno propose le portrait d'un milieu populaire bercé de rêves et spolié de ses illusions, une satire de l'industrie du cinéma, et la rencontre d'une ville et de ses habitants.
Nikima Jagudajev
Basically est un projet live en cours de la chorégraphe Nikima Jagudajev. Développé en collaboration, il est contextualisé comme une rescolarisation dans laquelle un espace est créé pour nourrir et partager nos perversions. Ensemble, nous travaillerons sur des chorégraphies non linéaires qui se replient sur elles-mêmes comme des portails à travers le temps et des mélodies contrapuntiques semblables à des fugues. Les moulages quotidiens de Yi King nous situeront dans un univers instable et le temps non programmé laissera place à la contingence. En entrant dans l'atelier, les visiteur·euses s'impliquent dans la fabrication et la refonte de cet environnement ; une socialité de la différence dans laquelle tous les éléments composent collectivement l'espace et dévient.
Dina Mimi est une artiste visuelle née en 1994 à Jérusalem où elle vit et travaille. Sa pratique est multiple et utilise la vidéo, le son, la performance et le texte. Dina Mimi a mené des recherches sur des questions et des sujets concernant le corps et la mort dans la sphère publique, ainsi que sur les notions de visibilité et d'invisibilité dans la relation entre l'archéologie et l'objet, et le musée et la mort. Elle a également étudié la protestation en tant que performance. Récemment, pour sa thèse de MFA, elle a examiné le rôle du corps-force dans l'espace public en Palestine. Dina Mimi a obtenu sa licence à la Bezalel Academy of Arts and Design de Jérusalem en 2016, et son MFA en art dans la sphère publique à l'ECAV (École cantonale d'art du Valais) en Suisse en 2018. Pendant ses études, Mimi a participé à de nombreuses expositions et événements dans des villes du monde entier, notamment à Jérusalem, Amman, Séoul, Boston, Lisbonne, Paris et Ramallah.
Roland Gunst (*1977) est un artiste conceptuel d'origine belgo-congolaise. Par le biais de films, performances, installations, objets, photographies et techniques mixtes, il étudie le potentiel des identités fluides et des récits afro-européens, en s'inspirant du concept d'afropéanisme. Gunst crée des concepts et des formes hybrides perturbateurs pour réfléchir aux frontières qui définissent l'identité, la culture, la condition humaine et l'histoire. Il s'inspire de l'histoire de l'art africain et européen, de l'anthropologie, de la psychologie, de la philosophie et de la mythologie.
Salvatore Calcagno, metteur en scène belge et directeur artistique de la compagnie garçon garçon, conçoit la scène comme une rencontre de différents langages artistiques : musical, plastique, cinématographique et chorégraphique. Présent sur la scène contemporaine belge et plus spécifiquement dans des lieux de création et d'écriture contemporaine à l'international, il conjugue écriture, recherche développement de nouvelles formes artistiques, médiation culturelle et récemment, porte une attention particulière à l’adaptation de textes classiques. Salvatore envisage la création comme un geste intime sublimé par un pouvoir esthétique. Au plateau, il demeure très proche de ses acteurs, ne montre pas, n’impose pas mais définit un état de travail où la précision touche à l’extrême. Il insuffle une énergie, énergie qu’il veut donner à percevoir, ressentir dans ses spectacles. Son travail se caractérise par une grande sensualité, sensorialité. Il est aujourd’hui artiste associé au théâtre Les Tanneurs et artiste accompagné par le Théâtre de Liège pour les saisons 2018-2022.
Nikima Jagudajev (née en 1990) est une chorégraphe basée à New York, aux États-Unis, et à Bruxelles, en Belgique. Son travail, qui étend la danse formelle à la construction de socialités ouvertes, a été présenté au Whitney Museum, à Human Resources Los Angeles, à Crush Curatorial (New York) et à Judson Church, dans le cadre de Material Art Fair's Immaterial (Mexico) et de 89+ à LUMA/Westbau (Zurich), à la galerie Kurimanzutto (Mexico), au Centre d'Art Contemporain Genève, au Rockbund Art Museum (Shanghai), à la Villa Empain (Bruxelles), et dans le cadre de la Biennale de Marrakech (Maroc). Elle a été rédactrice adjointe de l'anthologie Post-Dance (MDT, 2017) et a publié divers essais dont « Relations of Unpredictable Encounters » dans le Movement Research Performance Journal 51 (2017), « the landscape thinks itself in me » dans Root Sequence d'Asad Raza. Mother Tongue (Walther König, 2018) et « A Resting Place » dans This Container Edition 08 (2020).
Présentation : Kunstenfestivaldesarts, Kaaitheater
Dina Mimi
Avec : Dina Mimi, Maya Khaldi | Soutenu par : Mophradat dans le cadre du Consortium Commissions 2020 (Alkantara Festival, Kunstenfestivaldesarts, Spielart Festival)
Roland Gunst
Recherche soutenue par : Moussem Centre nomade des Arts, Kunstenfestivaldesarts | Dramaturgie : Esther Severi | Résidence au Moussem Centre nomade des Arts
Salvatore Calcagno
Recherche soutenue par : garçongarçon asbl, Théâtre Les Tanneurs, Kaaitheater, Kunstenfestivaldesarts
Nikima Jagudajev
Recherche soutenue par : Bergen Kunsthall, Shedhalle Zurich, Decoratelier, Kunstenfestivaldesarts | Avec le soutien de : Oktoberdans et BIT Teatergarasjen | Dans le cadre de Re-Imagine Europe | Cofinancé par le programme Creative Europe de l'Union européenne | En collaboration : Laurel Atwell, Jordan Balaber, Emmanuel Diela Nkita, Ezra Fieremans et Mimi