10 — 12.05, 14.05, 15.05.2024

cancelled

Jaha Koo Gand

Haribo Kimchi

théâtre — premiere

Le Rideau

Venue avec une chaise roulante à confirmer lors de la réservation en ligne ou via la billetterieAccessible aux personnes en chaise roulante | Coréen → NL, FR, EN | ⧖ ±1h10 | €18 / €15

Nous sommes au regret de vous annoncer que les représentations de Haribo Kimchi par Jaha Koo sont annulées en raison de circonstances familiales. La présentation de cette première est reportée à des dates ultérieures. Les personnes en possession de tickets pour ces représentations ont été contactées par email et recevrons un remboursement par virement bancaire. Nous vous remercions pour votre compréhension.

Une soupe fumante qui mijote répand ses arômes, une lame de couteau siffle en tranchant un oignon, des champignons rissolent à grand feu. Haribo Kimchi nous transporte dans un pojangmacha, un snack-bar typique des rues de Corée du Sud qui ouvre tard le soir. On y rencontre plusieurs âmes perdues – un youtubeur, une anguille, un crapaud et un cuiseur à riz – qui nous emmènent dans un voyage culinaire : une exploration de la culture alimentaire, vue comme un langage révélateur de la structure de la société. À travers une série d’anecdotes absurdes et émouvantes, iels nous parlent de la diaspora du Kimchi, du cannibalisme qui a sévi pendant la grande famine, de la douleur amère du racisme ou encore du profond goût d’umami qu’a la maison. Après le succès de sa trilogie Hamartia (2021), qui traitait de l’impérialisme et de l’influence occidentale en Asie de l’Est, le metteur en scène et compositeur sud-coréen Jaha Koo revient au Kunstenfestivaldesarts pour cette nouvelle création. Avec un style hybride très particulier qui combine musique, vidéos innovantes et robots performeurs, Koo engage une réflexion sur l’assimilation culturelle dans tous ses conflits et paradoxes. Une performance exceptionnelle qui joue avec tous nos sens, après laquelle vous ne percevrez plus la nourriture de la même façon.

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Haribo Kimchi

Quel sens donnez-vous au titre de votre nouvelle pièce, Haribo Kimchi ?
Avec Haribo Kimchi, j’ai voulu étudier l’identité et les différences culturelles à travers l’histoire et l’état actuel de l’alimentation. Je souhaitais réfléchir aux identités diasporiques, ainsi qu’à la façon dont – dans un monde capitaliste – la nourriture est l’objet de projections et de stratégies pour devenir un produit culturel. D’où le titre, qui juxtapose et confronte ces aliments disparates : une célèbre marque allemande de bonbons (Haribo) et un aliment traditionnel coréen (le kimchi).

Quel lien cette performance entretient-elle avec la Trilogie Hamartia, qui vous a occupé durant sept années ?
Par certains aspects, notamment le fait que je crée toujours la musique et les vidéos de mes pièces, Haribo Kimchi pourrait en être une extension. Mais ce spectacle est marqué par une volonté de renouveler ma pratique artistique et singulièrement la façon dont je me projette dans l’œuvre. Dans la Trilogie, mes histoires personnelles constituaient le matériau principal, tandis que j’instaure ici davantage de distance entre l’œuvre et moi. D’une certaine manière, Haribo Kimchi pourrait être considérée comme un processus transitionnel visant à m’effacer de l’œuvre.

Qui sont les trois personnages qui vous accompagnent sur scène et quel imaginaire convoient-ils ?
Seri est un cuiseur à riz, qui jouait déjà dans Cuckoo (2017) et The History of Korean Western Theatre (2020) ; Toad est un robot-origami qui incarnait mon enfant dans cette dernière performance. Un nouveau personnage, un robot-anguille, fait son apparition dans Haribo Kimchi. Chacun jouera son rôle en lien avec les thématiques que la pièce aborde et interrogera différentes histoires et différents contextes. Je dois dire que voir ainsi ma troupe s’étoffer me remplit de joie et de fierté. J’ai toujours collaboré avec un éventail d’artistes non-humains. Seri par exemple, n’est pas simplement un accessoire mais un interprète-robot doté de sa propre identité. À chaque nouveau projet, j’introduis un nouveau personnage et ma troupe s’agrandit. Après m’être considéré comme un auteur-interprète solitaire, j’ai progressivement constaté que je fonctionnais comme une compagnie de théâtre à part entière, en m’entourant d’acteurs non-humains. Leur implication dépend des préoccupations thématiques de chaque projet. Puisque Haribo Kimchi explore la nourriture, inclure Seri était un choix naturel. Ma fascination pour la nourriture est profondément enracinée et Seri incarne cet intérêt. Sa présence témoigne de la façon dont nous transformons des objets banals et la nourriture en puissants symboles de nos histoires collectives et individuelles.

Haribo Kimchi campe un décor de pojangmacha. Quelle place occupent ces gargotes ambulantes en Corée du Sud ?
Il en existe plusieurs types ; certaines proposent de la street food la journée, d’autres des plats simples et des boissons tard le soir. Depuis le début des années 2000, beaucoup de pojangmacha ont disparu. Le gouvernement les a chassées des rues, pour des questions d’hygiène, de taxes et de frais d’occupation de l’espace public. L’impact économique du Covid-19 a aussi eu raison de beaucoup d’entre elles. Je trouve ces endroits incroyables, uniques. La nuit, les pojangmacha peuvent sortir de nulle part, servir les gens sans distinction de classe, de génération ou de genre, et disparaître comme des fantômes avant l’aube. Elles n’ont pas d’adresse fixe et n’existent dans aucune base de données. Ce sont des « non lieux », insaisissables comme un liquide, volatiles et capables d’errer sans destination. C’est en travaillant sur Haribo Kimchi que j’ai découvert les différentes formes qu’elles pouvaient prendre et les divers états et espaces qu’elles embrassent. Elles me semblaient être le cadre le plus approprié pour partager les histoires que je voulais raconter.

Par quelles étapes passez-vous pour créer vos performances ?
C’est toujours un long processus, qui requiert une année de recherches et une année de production. Pendant la première phase, je rassemble des informations, mène des études de terrain, développe le concept et la thématique de la pièce mais aussi les directions que prendront la musique, la vidéo ainsi que la scénographie. Un certain nombre de personnes m’entourent et sont impliquées dans ce travail de recherche : une équipe technique, une scénographe, un dramaturge et les collaborateur·ices qui m’accompagnent sur le terrain. À l’issue de cette longue période, nous passons à la salle de répétition. Compte tenu de l’utilisation importante du numérique et de l’implication d’interprètes-robots, un temps considérable est consacré aux ajustements. Créer une minute de performance nécessite d’innombrables heures et met à l’épreuve la patience de tout le monde. Mon équipe s’est habituée à cette façon de travailler et je suis très attentif à ce que chacun·e prenne soin de sa santé mentale et physique, ne serait-ce que pour être en état de passer au projet suivant.

Vous évoquez la « diaspora de la culture kimchi » : qu’entendez-vous par là ?
Il y a davantage de diasporas coréennes dans le monde qu’on pourrait le croire. Leurs environnements culturels et leurs vies ont énormément évolué au fil des générations mais l’une des dernières choses à laquelle elles ne renonceront jamais, c’est le kimchi. Elles peuvent perdre leur langue mais pas le kimchi. D’un autre côté, à mesure que la culture coréenne connaît un regain d’intérêt mondial et que sa cuisine est désormais très prisée, elle subit un autre processus de transformation. Cela m’amène à m’interroger sur ce que signifie « authenticité » et qui en décide.

Quel public avez-vous en tête quand vous écrivez ?
En général, j’écris et crée mes œuvres pour un public international, qui inclut les Coréen·nes, parce que je crois que mes histoires et mon parcours peuvent résonner dans différentes cultures. Mais pour la première fois avec Haribo Kimchi, j’ai eu en tête les Coréen·nes vivant à l’étranger. Cette nouvelle perspective m’a conduit à une approche différente, qui envisage les expériences et les identités uniques de la diaspora comme une façon d’enrichir la compréhension et la réception de mon travail auprès du public coréen et non-coréen.

  • Entretien réalisé en avril 2024 par Vincent Théval 

Présentation : Kunstenfestivaldesarts, Le Rideau
Concept, textes, mise en scène, musique, son & vidéo : Jaha Koo | Interprètes : Jaha Koo, Seri, Toad & Haribo | Dramaturgie : Dries Douibi | Scénographie et opératrice média : Eunkyung Jeong | Conseiller artistique : Pol Heyvaert | Coordination technique : Korneel Coessens | Technicien·nes : Bart Huybrechts & Babette Poncelet | Cuckoo hacking & développement toad : Idella Craddock | Coordination de production : Wim Clapdorp
Production : CAMPO | Coproduction : Kunstenfestivaldesarts, Le Rideau, Theater Utrecht, SPRING Performing Arts Festival, Festival d’Automne à Paris, Théâtre de la Bastille, Tangente St-Pölten, & Espoo Theatre, Kampnagel International Summer Festival, Sophiensaele, Meet You Festival, Bunker, National Theatre and Concert Hall Taipei, The Divine Comedy International Theater Festival/Teatr Łaźnia Nowa, Perpodium 
Avec le soutien du Tax Shelter du Gouvernement fédéral belge via Cronos Invest 
Performances à Bruxelles avec le soutien du Centre Culturel Coréen à Bruxelles
Le prototype de l’anguille a été développé dans le cadre d’Innovation:Lab’s funnel en coproduction avec Theater Utrecht et les créateurs de technologie Adriaan Wormgoor & Willem Vooijs

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