Mirene Arsanios Beirut-New York

Notes on Mother Tongues

littérature

Cette année la brochure du festival présente dans ses pages quelques extraits issus de Notes on Mother Tongues et The Autobiography of a Language, de l’autrice libanaise Mirene Arsanios. Dans le premier, Arsanios s’intéresse aux circonstances historiques et personnelles qui l’ont menée à perdre sa « langue maternelle » et médite sur le rapport entre langue maternelle, maternité et colonialisme. Elle y envisage la langue comme un domaine façonné par des récits de diaspora, des rapports de classes et des héritages familiaux brisés. Dans le recueil The Autobiography of a Language, l’autrice rassemble des récits et des essais sans tabous, abordant les sujets les plus variés, allant du caractère transactionnel du soin au rapport entre langue et sexualité, de ce qui sépare le deuil de la naissance à ce qui échappe à la grammaire.

Je parle de ma langue à la troisième personne parce que le fait de connaître intimement ma langue signifie que j’accepte la séparation inhérente entre nous, une dialectique d’incarnation et d’éloignement qui définit notre relation. Ma langue se méfie des efforts ; elle ne fait pas entièrement confiance à ma capacité d’inventer une langue qui démontrerait que certaines platitudes, telles que « tout est lié » s’avèrent en réalité être vraies. J’ai moi-même des appréhensions par rapport à ma langue ; elle peut se retourner contre moi à tout moment et me priver de mots. Elle ne sait pas que la nuit, lorsqu’elle dort, je suis éveillée, m’employant à trouver une syntaxe qui puisse contenir dans une même phrase des récits antinomiques de possession et de privation, des phrases dans lesquelles la victime est aussi l’agresseur.
(from Notes on Mother Tongues, Ugly Duckling Press, 2020, traduit par Diane Van Hauwaert)

Mirene Arsanios sera présente à Bruxelles pour participer à une discussion dans le cadre de notre programme discursif The Politics of Language.

Plus d'infos : www.mirenearsanios.com

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