13.05, 14.05, 17.05, 18.05.2023
Lenio Kaklea Athènes-Paris
Αγρίμι (Fauve)
danse — premiere
La Raffinerie / Parc Duden Park
| Anglais → FR, NL | ⧖ ±1h | €16 / €13 | Peut contenir de la nudité
Certains parcs de villes européennes, tel le Parc Duden à Bruxelles, servaient jadis de terrains de chasse : une périphérie urbaine où l’idée du sauvage était projetée et celle de la conquête, célébrée. La nouvelle création de Lenio Kaklea nous y emmène. Née en Grèce, formée en danse classique et moderne, Kaklea a créé ces dernières années plusieurs spectacles acclamés qui fusionnent habilement danse et réflexion sur la manière dont les corps féminins sont représentés. Αγρίμι (Fauve) explore la sexualité et le sauvage à travers les différentes manières dont les corps s’engagent et se lient à la forêt. La forêt constitue pour Kaklea un environnement dans lequel il faut entrer pour en saisir la complexité, où les corps ne peuvent être capturés dans leur unité et où habitent des êtres imaginaires. La chorégraphe questionne le théâtre en tant que lieu où règne le regard : en utilisant des piliers, elle compose un espace discontinu qui résiste à l’appréhension immédiate. Accompagnée de deux danseur·euses, elle donne chair à une chorégraphie évoluant en volume et en intensité, comme une bourrasque qui traverserait soudainement les bois, ou un animal indompté qui se déplacerait brusquement. Αγρίμι (Fauve) est présenté en deux versions : l’une pour le théâtre et l’autre pour le Parc Duden, à l’aube, à l’heure où la chasse commençait dans la ville.
Αγρίμι (Fauve)
Les Ardennes, la Forêt-Noire, Brocéliande ou le Vexin. Les forêts sont des espaces qui échappent à l’appréhension immédiate. Les humains et les animaux s’y dissimulent et s’y traquent, s’y cachent et s’y piègent, s’y poursuivent et s’y sèment. Lieux de calme, de méditation, d’extase et de vie, elles sont aussi des environnements menaçants et toxiques. Dans Αγρίμι (Fauve), Lenio Kaklea chorégraphie à partir de ces espaces un méticuleux ensauvagement des corps. Les exercices, les danses et les rituels qu’elle déploie sur scène explorent ce lieu physique et imaginaire où s’opèrent la dissolution des identités et la métamorphose des corps. Elle noue, ainsi, pour la première fois son travail de création chorégraphique à la richesse géographique, environnementale et poétique des forêts. La danse y apparaît comme l’une des zones à défendre.
Lou Forster
Mars 2023
Le titre Αγρίμι (Agrimi) me renvoie à l’histoire culturelle de ce terme que j’entends couramment en Grèce pour désigner un animal sauvage non-domestiqué, et une femme ou une jeune fille asociale. À mes yeux, ces femmes libres refusent de voir leur destin lié au domicile (oikos), elles cherchent à s’épanouir en dehors du cadre du mariage, de la reproduction et du foyer. Placer le terme « agrimi » au cœur de cette création me permet de lier notre perception de la sexualité féminine et notre rapport au monde du sauvage. C’est ma manière d’invoquer une altérité à la domestication.
Lenio Kaklea
Mars 2023
FABLE DE LA FEMME-OURS
« Autrefois, pendant l’automne, une femme quitta sa famille et partit dans les bois. Un vent puissant se leva, il y eut une tempête. Elle ne voyait plus rien, elle était perdue, ses réserves épuisées, elle errait dans la forêt. Sur le sol, elle aperçut une empreinte d’ours qu’elle suivit jusqu’à une tanière pour le tuer. Mais, en pénétrant sous terre entre les racines des arbres, elle découvrit une demeure humaine éclairée. Elle resta vivre avec ses habitants le reste de l’hiver au fond des bois. Au printemps, ils dirent : “Nos amis du village vont venir nous rendre visite demain.” Le lendemain, par le trou de la tanière, elle les aperçut. Un homme se porta volontaire, revêtit une fourrure d’ours et sortit. Il marcha à leur rencontre, des coups éclatèrent, il se défendit peu pour ne pas les blesser inutilement. Les chasseurs et les chasseuses le découpèrent, firent cuire la viande et la mangèrent. La femme pensa : “Je ne savais pas que l’ours aussi était une personne. J’ai vu comme on les tue et comme on mange leur chair. Si je rentre un jour, je leur raconterai.” Et, elle rentra. Dans le village elle fut accueillie avec joie et raconta tout ce qu’elle avait appris. Depuis cette époque, les gens savent que les fauves sont humains et que certaines personnes partent à leur rencontre. »
D’après un conte Nivkh, rapporté par Charles
Stepanoff, Voyager dans l’invisible. Techniques
chamaniques et l’imagination, Paris, La Découverte,
2019, p. 371-372.
Présentation : Kunstenfestivaldesarts, Charleroi danse
Conception, chorégraphie et mise en scène : Lenio Kaklea | Texte édité par Lou Forster et Lenio Kaklea à partir d'un conte Nivkh, rapporté par Charles Stepanoff dans Voyager dans l’invisible. Techniques chamaniques et l’imagination, Paris, La découverte, 2019 | Interprétation : Lenio Kaklea, Georgios Kotsifakis, Ioanna Paraskevopoulou | Création sonore et régie générale : Éric Yvelin | Image vidéo : Sophie Laly | Éléments scéniques : Clio Boboti | Lumière : Bruno Pocheron | Costumes : Olivier Mulin | Dramaturgie et recherche : Lou Forster | Assistant de création : Dimitris Mytilinaios | Assistante scénographie : Filanthi Bougatsou | Coach pole dance : Mandi Fragiadaki | Production et administration : Chloé Schmidt | Booking : KUMQUAT — performing arts (Gerco de Vroeg & Laurence Larcher)
Production : abd | Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hermès | Coproduction : Kunstenfestivaldesarts, le CN D Pantin - Centre national de la danse, Festival d’Automne à Paris, Theater Spektakel, Le Dancing - CDCN de Dijon, Pôle Sud - CDCN de Strasbourg, La Briqueterie - CDCN Val de Marne dans le cadre des Accueils Studio 2023, ImPulsTanz International Festival et DanceWEB Life Long Burning Network, Serpentine London
Performances à Bruxelles avec le soutien de l’Institut Français et l’Ambassade de France en Belgique, dans le cadre d’EXTRA
abd reçoit le soutien de DRAC Ile-de-France au titre d’Aide au conventionnement 2023-2024