« Est-ce que ce que nous créons maintenant présente déjà tous les signes des turbulences qui se produisent autour de nous ? Ou devons-nous encore affiner notre travail pour être plus engagé·es, plus politiques ? »

• Bruno Beltrão, The New York Times, 29.10.2019

Comment rester en mouvement alors que la situation politique et sociale actuelle de son pays semble tout paralyser, comme dans un épais brouillard empoisonné ; Comment rester en mouvement quand le harcèlement et la haine paraissent désunir, diviser et étouffer la liberté et la solidarité, l’égalité et la démocratie ? L’apparition d’une nouvelle résistance au sein de la scène artistique brésilienne ne s’est fait que progressivement ces dernières années.

Bruno Beltrão, chorégraphe brésilien mondialement connu depuis 20 ans, n’a pas été surpris par le virage radical à droite, ni par les mouvements fascistes qui ont récemment émergé au Brésil et ailleurs : Inoah, sa dernière pièce, tendue comme une nuit d’orage, semblait déjà aborder les conflits indissolubles et les violentes contradictions sociales par le biais d’une approche s’apparentant à un plaidoyer ; comme une bataille urbaine opposant rencontre et confrontation, agression et excès, hostilité, solidarité et mutualité. Tout comme William Forsythe a révolutionné le ballet, Beltrão a fait de même avec le hip-hop en entremêlant les styles et les postures de la danse urbaine avec les principes de la danse contemporaine. Son vocabulaire de mouvements comporte des changements rapides de dynamique, des sauts élevés, des pirouettes et des sauts périlleux, des coups de pied rapides et des torsions. Ses chorégraphies intenses, crées avec le Grupo de Rua, se caractérisent par une véhémence physique ainsi qu’une compréhension analytique de la musique et de l’espace. L’énergie frémissante, la présence corporelle et la grande virtuosité de la compagnie envoûtent les publics du monde entier.