(Fore)named est l’histoire d’une désintégration. Elle commence avec un voyage que le metteur en scène iranien Ali Asghar Dashti a effectué il y a quelques années à Saint-Pétersbourg, où il était invité par un festival pour y présenter un projet itinérant basé sur les Nuits blanches de Dostoïevski et les Mille et Une Nuits. Mais en raison de problèmes fi nanciers, et d’une dynamique mystérieuse, la pièce est réduite peu à peu à peau de chagrin jusqu’à sa disparition. Fore(named) retrace cette histoire avec une incroyable mise en abyme combinant une écriture qui mêle l’explicite au tacite, et un jeu d’acteur magistral. Sur scène, les conversations rythmées et précises entre Ali Asghar Dashti, le directeur du festival et l’interprète russe-farsi, s’entrelacent avec une série de conversations imaginaires qu’Ali Asghar, alors en Russie, rêve d’avoir avec Mikhaïl Gorbatchev. C’est que les deux hommes font chacun face à un effondrement et une désintégration, l’un de son projet, l’autre de l’Union soviétique et de ses illusions. Une désintégration qui fait écho à la situation de la compagnie une fois le spectacle annulé, puisqu’on ignore si les acteurs vont rentrer en Iran ou profiter de la situation pour quitter leur pays. Un spectacle conçu comme un puissant mécanisme d’horlogerie, capable de soulever une critique subtile de la relation entre art et pouvoir.
 

Face à la crise du SRAS-CoV-2, nous avons dû annuler ce projet