30.04 — 03.05.2009
C&H Bruxelles
Trainspotters/Brussels Chapel/See you in Les Marolles
installation / performance — premiere
30/04 – 23:46 | 01/05 – 22:59 | 02/05 – 22:48 | 03/05 – 19:20 | 04/05 – 22:25 | 05/05 – 19:54 | 06/05 – 21:53 | 07/05 – 22:15 | 08/05 – 22:07 | 09/05 – 23:28 | 10/05 – 20:40 | 11/05 – 20:45 | 12/05 – 22:43 | 13/05 – 22:35 | 14/05 – 22:45 | 15/05 – 23:53 | 16/05 – 00:40 | 17/05 – 21:05 | 18/05 – 19:37 | 19/05 – 23:07 | 20/05 – 23:56 | 21/05 – 23:18 | 22/05 – 00:28 | 23/05 – 00:53
Mandatés par le Kunstenfestivaldesarts, les membres du collectif bruxellois C&H ont développé trois installations/performances traitant du statut paradoxal de la gare de Bruxelles-Chapelle, tronçon du traffic ferroviaire le plus dense de Belgique, mais qui n’est elle-même que très rarement desservie.
Pour Trainspotters, un train est choisi chaque soir parmis les 1200 qui passent quotidiennement devant Les Brigittines, pour jouer le rôle principal d’une performance se déroulant dans le Centre du festival.
Brussels Chapel tente d’abolir les différences entre la gare de Bruxelles-Chapelle et celle de Londres St.Pancras par la création d’une nouvelle annonce dans la gare de la Chapelle: durant tout le festival, cette annonce résonnera dans les cinq langues locales (anglais, français, néerlandais, allemand et arabe) à l’arrivée de chacun des rares trains y faisant arrêt.
See you in Les Marolles s’adresse aux 100.000 passagers qui, en chemin pour Paris, Amsterdam, Francfort ou ailleurs, passent chaque jour au-dessus du quartier bruxellois des Marolles. Dans le tunnel ferroviaire menant à la gare de Bruxelles-Central, des écritures lumineuses souhaitent la bienvenue au quartier des Marolles, et invitent les voyageurs à y revenir bientôt.
Le collectif C&H a mis en place trois interventions dans et autour du centre du festival.
Le texte ci-dessous est extrait d’une discussion du 10 avril 2009 entre Lars Kwakkenbos et les membres de C&H Christophe Meierhans, Heike Langsdorf et Christoph Ragg. Le collectif, basé à Bruxelles, y revient plus en profondeur sur le statut du public.
Ces trois interventions sont le résultat d’une commande que vous a passée le Kunstensfestivaldesarts. Quels en étaient les termes?
C&H : On nous a demandé d’intervenir dans la zone festivalière, plus précisément sur le rapport entre le centre du festival et le reste du quartier. Au fil des discussions, on a compris qu’il s’agirait de traiter simultanément l’espace concret et le contexte social. Ce n’est pas une mince affaire. Un travail artistique dans et sur un quartier tel que celui-ci vire aisément au travail social, ce qui, sur la durée d’un festival de trois semaines, est une mission impossible. Nous avons déplacé la focale sur le statut du public du festival. Quels liens le public allait-il nouer avec cet espace, dans lequel il est appelé trois semaines durant à voir de l’art, à boire, à manger et à débattre ?
On n’est pas loin d’une sorte d’îlot sacré, la zone privilégiée des arts en plein quartier des Marolles. L’architecture est éloquente. Le complexe des Brigittines est de ce point de vue une véritable attraction, avec d’un côté des gens qui reçoivent de l’argent public pour créer et de l’autre des gens qui reçoivent de l’argent public pour vivre.
Bien que le nom de Brigittines soit commun aux deux édifices, un fossé les sépare. Nous, on est des intrus fraîchement débarqués, et on ne prétend nullement combler ce fossé. Nous nous sommes contentés d’analyser les polarités du lieu et les publics correspondants, situés à 30 mètres l’un de l’autre et à ce titre indissociables : les gens qui habitent ici, les gens dans les trains passants – 1200 par jour – et enfin les visiteurs du festival. Les interventions – Brussels Chapel, See you in les Marolles et Trainspotters – visent à tour de rôle les trois populations susmentionnées.
Commençons par « Trainspotters ».
C&H : La réalité du festival se trouve en quelque sorte suspendue aux horaires des trains stipulés dans la brochure, où le dehors envahit le dedans. Concrètement, nous diffusons dans le centre du festival une amplification sonore du train passant alors en circulation. Les trains deviennent des performeurs, des boute-en-train, et c’est à ce titre qu’ils sont mentionnés dans la brochure. Ils y figurent en jaune, un jaune mixte entre celui des panneaux horaires dans les gares et celui du programme du festival.
Notre particularité, c’est d’intervenir dans un cadre déjà existant, d’une existence ordinaire que nous transformons en spectacle. Cet aspect est encore plus saillant dans les deux autres interventions. Les panneaux dans le tunnel ou les annonces en gare n’ont rien de spectaculaire en soi. Au premier abord, cela ne se laisse guère distinguer de ce qui depuis toujours ponctue l’expérience ferroviaire. Brussels Chapel part du simple fait qu’il s’agit d’une station où des gens débarquent et embarquent ; See you in les Marolles est composé d’une trentaine de boîtes lumineuses que nous disposons dans le tunnel que les trains parcourent dans l’un et l’autre sens et qui ressemblent en tous points à celles qui indiquent les gares. Elles s’en distinguent essentiellement en ce qu’elles présentent une phrase d’accueil ou d’adieu là où les autres arborent le nom d’une localité. Il y a dans notre démarche le risque inhérent que le versant artistique n’apparaisse jamais comme tel.
En un certain sens, ce que vous faites existait depuis toujours ?
C&H : À la limite, oui, même si la formule est un peu provocante. Nous remettons en scène – ou nous portons à la scène – des unités statiques ou mobiles déjà existantes. Et chacune de ces scènes s’adresse à un public distinct. Seul le festivalier pourra se trouver muté en Trainspotters, See you in les Marolles ne vise que l’usager du train et Brussels Chapel ne fonctionne pleinement que pour celui qui fortuitement monte ou descend du train. Reste la question de savoir dans quelle mesure le public est informé de ce qu’il y a à voir. Le lecteur de cet entretien se sera vraisemblablement fait une idée de chacune des trois interventions. Ce n’est pas le cas de l’abonné de la ligne ferroviaire qui avise avec surprise un tableau lumineux en plein tunnel. Celui que la lecture de ce texte aura incité à prendre le train expressément fera une tout autre expérience que le voyageur innocent. La pointe de surprise qui pour ce dernier vient rayer l’émail de la routine est au contraire, pour le premier, l’événement le plus attendu : une pointe de culture.
Concept & réalisation
C&H (Christophe Meierhans, Heike Langsdorf, Christoph Ragg)
Présentation
Kunstenfestivaldesarts
Production
Kunst/Werk vzw
Coproduction
Kunstenfestivaldesarts
Merci à
Nadine vzw, Pieter Heremans, INFRABEL