10 — 12.05, 16 — 19.05, 23 — 26.05, 30.05 — 01.06.2024

Hsu Che‑Yu Taipei-Amsterdam

Three Episodes of Mourning Exercises

arts visuels / film

argos centre for audiovisual arts

Mandarin → NL, FR | €6 / €4

Pour sa première exposition en Belgique, Hsu Che-Yu présente une série d’objets et d’œuvres qui créent ensemble un paysage inédit sur l’idée du deuil, dont l’impressionnant triptyque Three Episodes of Mourning Exercises. Composé de trois vidéos, il nous raconte autant de façons de se représenter la mort. Zoo Hypothesis relate le rituel de deuil animalier créé par des gardien·nes de zoo de Taipei, qui ont entraîné des animaux à se prosterner pour commémorer des animaux morts à la suite de la deuxième guerre mondiale. Dans Blank Photograph, les souvenirs d’un auteur d’attentats à la bombe sont juxtaposés au suicide de son frère dans la maison familiale, représentant le décès comme objet de tension entre l’individu et la collectivité. Gray Room est un hommage à la grand-mère de l’artiste, qui rappelle l’expérience physique vécue dans sa maison à partir d’une perspective matérielle de la mémoire. Pour réaliser ces œuvres vidéographiques, Che-Yu se sert de la technique de scanning 3D, aussi utilisée par la police taïwanaise pour recueillir des preuves médico-légales, identifier des corps fragmentés ou examiner des scènes de crime. Des exercices de deuil qui explorent les représentations, les constructions et les aliénations de la mémoire et la mort en tant qu’événement intime. Une expérience à couper le souffle.

"Hsu Che-Yu associe ingénieusement les tragédies réelles de notre monde à des technologies, telles que l'animation et le cinéma, pour créer des œuvres humanistes captivantes."
Han Nefkens Foundation - Loop Barcelona Video Art Production Award 2022

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Three Episodes of Mourning Exercises

Peut-on « pratiquer » le deuil ? Sous quelles formes peut-on « exercer » l’idée du deuil ? De qui et de quoi fait-on le deuil ? Qu’il s’agisse de chagrin ou de deuil, lorsqu’il est question de perte, nous voulons garder des ruines sans nom dans notre esprit – même si elles sont recouvertes par un labyrinthe d’idéaux et d’échecs. Cela n’a jamais été aussi évident que lorsque nous avons entendu une énième fois une pleureuse professionnelle lors de funérailles traditionnelles à Taïwan. Le son de ses lamentations hantait tout le village – un rituel de deuil cliché qui déclenche un mélange d’émotions projetées et de tristesse. Depuis que nous travaillons ensemble Hsu Che-Yu et moi, nous nous intéressons aux strates de fiction et de réalité. L’interprétation du chant de deuil par la pleureuse nous a donné à réfléchir quant à la façon dont l’exercice du deuil peut être à la fois si fabriqué et si révélateur. Néanmoins, sans chercher la réponse dans les rituels, nous avons cherché des récits, des histoires où le sentiment d’intimité entre individus était brisé : un écrivain et un performeur qui reproduisant la gestuelle de cérémonies commémoratives de guerre, un activiste qui rejouant le suicide de son frère et une transe somnambulique qui révèlant la diplopie d’un artiste.

  • Chen Wan-Yin

Chen Wan-Yin est scénariste. Elle a collaboré à de multiples reprises avec Hsu Che-Yu. 

Cette exposition présente trois œuvres – Zoo Hypothesis, Blank Photograph et Gray Room – créées au moyen de technologies de numérisation 3D utilisées à des fins architecturales ou pour créer des modèles de données d’objets et d’êtres vivants. Les vidéos ont été créées en collaboration avec des équipes de modélisation 3D pour scanner les bâtiments, les espaces intérieurs et les mouvements des personnages. Après avoir collecté ces deux types de modèles 3D, les images ont été extraites une à une et agencée en séquences.

Aux côtés de ces trois œuvres vidéo, l’exposition présente des documents qui éclairent le processus créatif de Three Episodes of Mourning Exercises. Les esquisses du story-board sont exposées sur le mur et, sur une table qui leurs font face, l’artiste présente des livres et du matériel de lecture sur l’entrelacement complexe de l’espoir et de la perte. Ces documents sont complétés par deux séquences trouvées dans les archives asiatiques de l’après-guerre (le mariage de deux serpents géants dans un temple et les funérailles d’un panda mort dans un zoo). Trois moniteurs de télévision parachèvent l’exposition, avec des œuvres évoquant les relations intimes entre les vivant·es et les mort·es. Les sculptures sont des répliques des mains et des jambes de frères jumeaux taïwanais qui étaient autrefois siamois. Diffusée en vidéo, elles sont manipulées par un marionnettiste comme une contemplation des sens animés.

 Zoo Hypothesis

Zoo Hypothesis revisite les histoires du temps de la colonisation japonaise de Taïwan, lorsque certains animaux portaient un symbole militaire et que l’établissement de jardins zoologiques était considéré comme faisant partie de la modernisation. Pendant la guerre du Pacifique, le Japon encourageait certains zoos Taïwanais à entraîner leurs animaux à effectuer des gestes et des mouvements pour montrer leur chagrin dans des cérémonies de commémoration des morts tombés au front. Pour Zoo Hypothesis un zoo construit sous l’occupation japonaise a été scanné afin d’explorer la relation entre l’horreur et le cérémonial, la taxidermie et les modèles 3D.

Blank Photograph

Le narrateur de Blank Photograph, Yang Ru-Men, est un agriculteur taïwanais ayant autrefois placé plusieurs bombes à Taïpei, la capitale de Taïwan, pour protester contre l’adhésion de l’île à l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Condamné par la suite à des années de prison, il est devenu une figure de proue des mouvements sociaux pour la justice agraire. Après la libération de Yang, son frère s’est suicidé dans leur salon, sans raison connue. La narration de l’œuvre combine la voix off scénarisée de Yang à des enregistrements d’entretiens où il expose les idées qui sous-tendent son militantisme social. Yang a été invité à rejouer deux scènes pour Blank Photograph : celle du suicide de son frère et celle de ses essais de bombes au bord de la mer.

Gray Room

Gray Room fait usage d’un casque de réalité virtuelle pour faire visiter au public la maison de la grand-mère défunte de l’artiste en toute intimité. Des souvenirs d’enfance fragmentés, des cauchemars, des illusions et des double-visions contribuent à la question suivante : quel appareil ou quel élément constitue nos sens, nos sentiments, nos émotions et nos souvenirs ? Si, comme le prétendent les neuro-existentialistes, le corps humain est régulé et contrôlé par son seul système neuronal, alors que reste-t-il – si tant est qu’il reste quelque chose – lorsque nous parlons de deuil ?

The Unusual Death of a Mallard Video

La grand-mère de Hsu Che-Yu a travaillé pendant 30 ans dans un laboratoire où étaient réalisées des expériences sur des animaux. Elle ramenait parfois des animaux à la maison, qui devenaient ensuite les compagnons de jeu du père de Hsu Che-Yu. L’artiste explore et interroge les moyens avec lesquelles le corps et la vie sont intégrés au corpus des connaissances empiriques, explorant ainsi plus avant la relation entre la mort et les technologies de simulation numérique.

Rabbit 314

Un marionnettiste réinvente et rejoue les mouvements d’un lapin de laboratoire mort. Rabbit 314 questionne la manipulation et l’appropriation des animaux par les humains.

Hands

Les premiers jumeaux siamois taïwanais ont subi une opération de séparation en 1979. Afin de préparer l’opération, l’hôpital a invité un artiste à effectuer leur moulage. Une réplique du moule a été réalisée par Hsu Che-Yu.

Présentation : Kunstenfestivaldesarts, argos centre for visual arts
Three Episodes of Mourning Exercises est une exposition de Hsu Che-Yu, créée par Hsu Che-Yu (artiste) et Chen Wan-Yin (scénario)

Zoo Hypothesis
Installation vidéo, 31min 33sec, 2023
Concept : Hsu Che-Yu | Scénario : Chen Wan-Yin | interprète : Wu Che-Sheng | Dramaturge : Chen Yi-Chun | Manager de production : Chen Yung-Shuang | Taxidermiste : Huang Wen-Chieh | Modèle : Yen Tsu-Wei | Scans 3D : Solid Memory - KIDEN Design | VFX : Wang Chien-Chao | Montage : Hsu Che-Yu
Avec le soutien de Theater der Welt & National Culture et Arts Foundation Taiwan

Gray Room
VR 360, 16min 06sec, 2022
Concept : Hsu Che-Yu | Scénario : Chen Wan-Yin | Production : Chen Yung-Shuang | Voix off : Yang Ru-Men | Conseils techniques : Yeh Hsing-Jou | Scans 3D: Solid Memory - KIDEN Design | Vues 4D : IP Lab | VFX : Wang Chien-Chao | Montage : Hsu Che-Yu | Musique : Wu Pei-Lin | Enregistrement voix : Pixelfly Digital Sound | Montage effets sonores : Lin Yan-Rong | Direction sonore : Chou Sai-Wei 
Coproduit par Kaohsiung Film Archive VR FILM LAB & Han Nefkens Foundation

Blank Photograph
Installation vidéo, 20min 29sec, 2022
Concept : Hsu Che-Yu | Scénario : Chen Wan-Yin | Interview et voix off : Yang Ru-Men | Producteur : Chen Yung-Shuang | Assistant production : Lin Tai-You | Direction de la photographie : Chen Kuan-Yu | 1er assistant caméra : Liang Shao-Wen | 2e assistante caméra : Sung Hsin | Ingénieure du son : Lin Yan-Rong | Preneur de son : Li Yi-Shiou | Effets speciaux : Lin Jia-Liang | Scans 3D : Solid Memory - KIDEN Design | Vues 4D : IP Lab | VFX : Wang Chien-Chao | Montage : Hsu Che-Yu | Doublure : Gilles Marsalet | Montage son, mixage et effets sonores : Geoffrey Durcak | Étalonnage : François Engrand | Musique : Sonic Deadhorse 
Produit par Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains

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